Sappuyant sur le cadre théorique de limpérialisme, erroné à sa source, les théories postulant larrêt (Trotski, Bilan, GCF) ou le ralentissement (Socialisme ou Barbarie, CCI) des forces productives depuis 1914 sont en contradiction flagrante avec la réalité.
Tableau : Croissance de la production mondiale (Taux annuel moyen)
On constate une convergence des sources statistiques (malgré des différences dans la périodisation).
Bairoch (PNB) |
Maddison (PIB) |
||
1800 1900 |
1,0 % |
1820 1900 |
1,3 % |
1860 1900 |
1,4 % |
1870 1900 |
1,9 % |
1900 1995 |
2,7 % |
1900 1992 |
2,9 % |
Pour Bairoch, les sources statistiques de ce chapitre sont :
. Victoires et déboires, collection Folio, éditions Gallimard, 1997
. Le Tiers-monde dans limpasse, collection Folio, éditions Gallimard, 1992
Les indicateurs économiques de production
Une première approche statistique de lévolution économique du XXe siècle infirme complètement la thèse dun ralentissement du développement des forces productives. Le taux de croissance annuel moyen de la production mondiale sur la période 1913-1992 est de 3 %, bien supérieur à celui de la période dite 'ascendante' : en effet, de 1820 à 1913, il est de 1,5 %, et, même en prenant une période de développement plus rapide du capitalisme, de 1870 à 1913, il est de 2,1 % (et de 2,5 % de 1900 à 1913).
En fait, cette période, allant de 1914 jusquà maintenant, na pas dunité, elle recouvre des réalités complètement différentes.
Si un ralentissement du développement des forces productives peut se constater sur les trois décennies 14-45 (mais en aucun cas, il ne sagit dun arrêt, comme la écrit Trotski), par contre, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la croissance est sans commune mesure avec celle de la période précédant 1914. Elle est telle quelle compense largement le ralentissement entre 14 et 45. Et même depuis 1974, elle ne seffondre pas et reste globalement à un niveau comparable à celui du XIXe siècle.
Les éléments dont on peut disposer actuellement vont tous dans le même sens (on se base ici sur les travaux de Bairoch et Maddison). Même si lon prend ces chiffres avec précaution les reconstitutions de séries statistiques sont délicates, elles reposent sur de nombreuses hypothèses dont le choix nest pas neutre , même si telle ou telle statistique peut être sujette à caution, il apparaît que la convergence de ces éléments et la cohérence globale qui sen dégage ne sauraient être si simplement rejetées.
Une approche qualitative
Certains sont amenés à critiquer cette approche quantitative : par exemple, concernant la production industrielle, on peut retrouver dans Perspective internationaliste lidée suivante :
'Une grande partie de la production sous le capitalisme décadent est destinée à la production de moyens de destruction (armement) et à la consommation improductive de lEtat tentaculaire... Ceci démontre une fois encore lincapacité de simples chiffres de croissance de la production industrielle à traduire le développement des forces productives sur le plan historique.' ('Développement des forces productives et décadence du capitalisme', dans Perspective internationaliste n° 29, hiver 95-96, p. 14.)
Prenons alors des indicateurs plus indirects, 'qualitatifs', du développement du capitalisme, les indicateurs démographiques ou 'socio-économiques' : mortalité, espérance de vie, élévation du standing dexistence des populations, amélioration des équipements sociaux, scolarisation, niveau dalphabétisation, taux dintégration aux processus capitalistes de production etc. Là, si le développement de la production au XXe siècle nest en fait quune apparence statistique, due à lorientation de la production vers larmement ou vers des dépenses improductives, nous aurons une divergence flagrante avec les indicateurs économiques. Mais voilà, non seulement il ny a pas divergence, mais ces indicateurs plus 'qualitatifs' confirment encore le développement net et rapide au cours du XXe siècle.
Le schéma du CCI dun cycle crise-guerre-reconstruction depuis 1914 na pas de fondement réel.
Quelques mots sur la crise économique :
Ses prémices datent bien de 1967 mais elle ne s'est confirmée qu'en 1974. Elle n'a pas le sens que lui confère le CCI d'annonce de 'l'effondrement final'. Elle exprime que le capitalisme, comme il en a toujours été pour lui tout au long de son histoire, rencontre en chemin constamment ses propres contradictions mais, pour autant, elle ne signifie pas de manière automatique que le système capitaliste est d'ores et déjà incapable de les surmonter.
Y a-t-il une limite objective au développement du capitalisme, un moment où ses contradictions économiques deviendraient insurmontables ? Et, si oui, de quelle marge de manuvre dispose encore la bourgeoisie ? Quelle est l'échéance dun possible effondrement final ? Pour linstant, rien ne permet de présumer du niveau au-delà duquel le système ne fonctionnerait plus, ni de léchéance, ni de la forme que cela peut prendre. Un éventail de possibilités est ouvert. Cette situation de blocage, dasphyxie du système économique, ne prendra pas forcément la forme dun effondrement. De plus, les tensions engendrées par les contradictions du capitalisme ne laisseront peut-être pas le temps à ce schéma théorique de se réaliser.
Source : Bairoch
|
1700 |
1800 |
1900 |
1953 |
1980 |
1990 |
Taux croissance annuel |
|
1800-1900 |
1900-1990 |
|||||||
Population (en millions) |
||||||||
Monde |
690 |
970 |
1 640 |
2 640 |
4 450 |
5 280 |
0,5 % |
1,3 % |
Pays développés |
180 |
240 |
550 |
880 |
1 160 |
1 250 |
0,8 % |
0,9 % |
PNB (en milliards de $ US - prix US 1960) |
||||||||
Monde |
128 |
185 |
490 |
1 420 |
4 680 |
6 120 |
1,0 % |
2,8 % |
Pays développés |
32 |
47 |
300 |
1 040 |
3 400 |
4 360 |
1,9 % |
3,0 % |
PNB / Habitant (en $ US - prix US 1960) |
||||||||
Monde |
185 |
190 |
300 |
540 |
1 050 |
1 160 |
0,5 % |
1,5 % |
Pays développés |
180 |
200 |
550 |
1 180 |
2 930 |
3 490 |
1,0 % |
2,1 % |
Production manufacturière (Royaume-Uni : 1900 = 100) |
||||||||
Monde |
100 |
147 |
540 |
3 070 |
11 200 |
14 630 |
1,3 % |
3,7 % |
Pays développés |
30 |
47 |
480 |
2 870 |
9 900 |
12 230 |
2,4 % |
3,7 % |
Production sidérurgique (en millions de tonnes - Fer et fonte jusqu'en 1900, acier après) |
||||||||
Monde |
0,5 |
1,1 |
41 |
235 |
750 |
685 |
3,7 % |
3,2 % |
Pays développés |
0,2 |
0,8 |
41 |
230 |
700 |
575 |
4,0 % |
3,0 % |
Consommation d'énergie (en millions de tonnes équivalent charbon) |
||||||||
Monde |
490 |
700 |
1 750 |
4 300 |
10 300 |
12 000 |
0,9 % |
2,2 % |
Pays développés |
150 |
230 |
1 100 |
3 100 |
7 600 |
9 200 |
1,6 % |
2,4 % |
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Pose de la carrosserie sur le châssis de la Ford A en 1931 à l'usine de River Rouge |
Chaîne
de montage robotisée chez Renault
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