Perspective de développement du protectionnisme ?
Vers une troisième guerre mondiale ?
Depuis 1945, les perspectives pour le capitalisme ne sont plus orientées vers un développement du protectionnisme, vers une tendance à ce que la concurrence économique entre les principaux capitaux nationaux tourne à un affrontement dans une guerre mondiale. Maintenant, cest moins, sinon plus du tout, la dimension de la conquête territoriale qui prévaut mais celle de lapprofondissement de la domination réelle des marchés. Les rapports de forces entre nations développées passent désormais plus par la puissance économique que par la puissance militaire. La guerre ne représente plus un mode d'action privilégié et efficace pour le capital développé.
Lavion 'furtif', un symbole de la suprématie des Etats-Unis sur le plan militaire. Le rôle des Etats-Unis est historiquement inédit.
La mondialisation ne signifie pas la disparition, ni même latténuation des rivalités commerciales. Au contraire, mais elle impose que, pour lintérêt du capitalisme global, les formes de cette concurrence, doivent impérativement tenir dans le cadre de règles préservant le fonctionnement efficace du marché mondial.
Une situation telle que celle des années 30 nest absolument pas transposable dans le capitalisme actuel. Limbrication, linterdépendance des économies nationales sont telles que le développement de politiques protectionnistes constituerait, au moins dans les pays capitalistes développés, un non-sens total du point de vue des intérêts capitalistes ; cela se traduirait immédiatement par une sanction radicale : leffondrement économique des pays qui ont fait ce choix. Et la généralisation de telles politiques aboutirait sans délai à leffondrement du capitalisme mondial.
La tendance à la généralisation du libre-échange, impulsée par les Etats-Unis, na jamais été réellement remise en cause depuis cinquante ans (même en période de crise économique). Contrairement à ce que peut affirmer le CCI, qui, répétant les schémas du passé, met en avant une dynamique de 'chacun pour soi', une tendance à l'émergence d'un autre bloc antagoniste aux Etats-unis ne paraît pas du tout d'actualité, et aucun élément ne permet pour l'instant de le prévoir.
LEtat-nation
La tendance dominante actuelle fait que parler de 'capital national' va devenir de moins en moins pertinent. La mondialisation se traduit par labolition des distances, par le fait que les décisions se prennent demblée au niveau mondial, le cadre de lEtat-nation correspondant de moins en moins à une réalité économique. Quel est actuellement le degré dautonomie des Etats ? Notamment dans leur politique économique (comme on vient de le voir pour le protectionnisme) ? Toute décision nallant pas dans le 'bon' sens (celui de la mondialisation) est immédiatement sanctionnée par les marchés.
Il sagit bien là dune tendance, car évidemment, lEtat-nation na pas disparu et nest pas prêt de disparaître. Cependant, à terme, du point de vue économique, cest bien la disparition même des Etats-nations, base structurelle encore indispensable aujourdhui, qui peut constituer un enjeu pour le capitalisme. Lintégration de lUnion européenne et la création de leuro vont dans ce sens. LEtat-nation subsisterait formellement pour répondre à la nécessité de contrôler, encadrer idéologiquement, le prolétariat.
Aujourd'hui, on peut commencer à parler du 'capital apatride'.
La logique de lextension capitaliste ne passe plus, pour lessentiel, par laccaparement de marchés grâce à la conquête de territoires, autrement dit limpérialisme. LAllemagne et le Japon ont connu un développement exceptionnel dans laprès-guerre et ont pu écouler leur production à létranger sans conquêtes territoriales.
Shanghai :
La Chine constitue un champ dexpansion gigantesque pour le capitalisme.
'La période bourgeoise de lhistoire a pour mission de créer la base matérielle du monde nouveau, dune part, lintercommunication universelle fondée sur la dépendance mutuelle de lhumanité et les moyens de cette intercommunication ; dautre part, le développement des forces de production de lhomme et la transformation de la production matérielle en une domination scientifique des éléments. Lindustrie et le commerce bourgeois créent ces conditions matérielles dun monde nouveau de la même façon que les révolutions géologiques ont créé la surface de la terre. Quand une grande révolution sociale aura maîtrisé ces réalisations de lépoque bourgeoise, le marché mondial et les forces modernes de production, et les aura soumis au contrôle commun des peuples les plus avancés, alors seulement le progrès humain cessera de ressembler à cette hideuse idole païenne qui ne voulait boire le nectar que dans le crâne des victimes.' Karl Marx, 'Les résultats éventuels de la domination britannique en Inde', dans le New York Daily Tribune n° 3840, 8 août 1853. Article recueilli dans : Marx Engels, textes sur le colonialisme, éditions du Progrès, p. 99. |